On dit que le prénom à avoir avec le destin, qu’il raconte notre histoire. Ce n’est pas par hasard que l’on porte un prénom, il dit quelque chose de nous, de ce que nos parents veulent que l’on accomplisse. Les prénoms ont la lourde tâche de porter sur leurs simples lettres tout un destin, toute une vie. Beaucoup pense que ce ne sont là que légendes et fabulations de conteurs. Mais derrière chaque prénom se cache un passé, un présent et surtout un futur. Quelque chose de mystique accompagne ces prénoms aux mille desseins possibles. Celui qui se connaît, connaît l’univers tout entier. Mais qui oserait prétendre comprendre la symbolique de son prénom ? Ce que l’on attend de lui ? Ce qu’il est voué à accomplir ? Est-ce notre prénom qui détermine notre penchant vers le Bien ou le Mal ? Ne serait-on finalement pas que de simples pions sur un échiquier qu’une main Céleste – notre Destin – déplace ? Alors ces choix que nous croyons prendre, provoquent-ils autant de conséquences que l’on veut bien nous le faire croire ? Le simple battement d’ailes d’un papillon peut-il engendrer une tornade, quelque part ailleurs ? Et si finalement cette tornade, c’était chacun de nous ? Et si nous étions les propres acteurs de notre vie et non plus une conséquence d’effets aléatoires ? Ainsi, cela signifierait que notre Histoire est un livre à pages blanches qu’il nous faudra remplir tout au long de notre vie. Ce livre n’aurait pas de fin tant que quelqu’un continuerait de le faire perdurer à travers le temps, en le lisant ou même en le complétant… Chaque livre serait différent… Tous aurait un titre évocateur et définirait ce que nous sommes, ou du moins, ce que nous avons tenté de devenir. Néanmoins, tous les livres commencent de la même manière… « Il était une fois »…
La pluie venait bercer la petite fille qui était étendue dans son lit, le regard posé sur le plafond. Âgé de quinze ans, la jeune fille avait toujours été fière de son père, avait inlassablement éprouvée une grande admiration pour lui, malgré le fait qu’il soit très absent de sa vie. La blonde était sur le point de s’endormir quand un bruit sourd vint la faire sortir de ses pensées, le bruit d’une porte que l’on défonce, le bruit d’un coup de fusil déchirant l’enveloppe sombre de la nuit. Un frisson venait prendre possession de son corps alors qu’elle se glissait dans une cachette, ses yeux rivés sur la petite fente qui donnait sur sa chambre. Pétrifiée à l’idée de ce qui pouvait se passer en bas, elle ne bougeait pas, apeurée. Difficulté à retenir sa respiration trop bruyante, elle ne bougeait pas et le silence revenait dans la pièce. Seul l’écho de son souffle entre ses lèvres était audible. Incapable de bouger, impossible de dire combien de temps elle est restée à attendre. C’est quand les rayons de soleil venaient traverser sa fenêtre qu’elle se décida à sortir de cette cachette, qui avait été la sienne durant toute la nuit. Son petit corps tremblait de peur alors qu’elle descendait les escaliers. Les yeux fermés, le silence était trop lourd. Son pied nu se posait dans quelque chose de froid, une substance visqueuse et étrange. Ses yeux s’ouvraient pour se poser contre le sol. Vision d’horreur qui se dessinait sous ses yeux, son corps basculait, son souffle se coupait et l’image prenait une place bien distincte dans son esprit. Incapable de faire d’autre chose que d’appeler la police, elle pensait que cet acte morbide était un acte de pure vengeance. Son père, béret vert de carrière (forces spéciales américaines), avait participé à une mission en Irak : un saut HALO pour capturer un terroriste dans un village irakien. Son engagement envers son pays entraina sa propre mort.
La douleur pouvait se manifester sous différente formes. Ce pouvait être un petit pincement, une légère irritation, une douleur lancinante ou une douleur que l'on supportait tous les jours. Et il y avait le genre de douleur qu'on ne pouvait pas ignorer ; une douleur si grande qu'elle bloquait tout en vous et faisait disparaître le reste du monde jusqu'à ce que la seule chose à laquelle on pensait c’était à quel point on souffrait. La façon dont on gérait notre douleur dépendait de nous. La douleur, on l'anesthésiait, on la surmontait ou on l'ignorait ; et pour certains d'entre nous la meilleure façon de gérer la douleur c’était de foncer tête baissée. Quelques années plus tard, elle déménageait à Sidebay. Certains se sont brûlés les ailes et essayent d’effacer leurs souvenirs pour repartir à zéro, alors que d’autres voudraient voir certains instants durer éternellement. Lorsqu’elle était arrivée là-bas, à l’âge de 23 ans, Root avait heureusement quelques économies.
C’est tout ce que je dois faire ? Une voix parfaitement féminine parlait doucement dans l’ombre d’un couloir. On était le jour de la fête nationale aux Etats-Unis, et ce soir, Root n'allait pas seulement fêter la commémoration de cette victoire, mais également celle de son admission au sein de la police américaine.
Oui c’est tout ce que tu as à faire. Tranquillement un sourire avait percé les lèvres de son voisin. elle en tressaillit presque.
La douleur vous deviez arriver à la surmonter, espérer qu'elle disparaisse d'elle-même et espérer que la blessure qui l'a causée se referme. Il n'y avait pas de solution, pas de remède miracle. Vous deviez respirer à fond et attendre qu'elle s'estompe. La plupart du temps, on pouvait gérer la douleur mais parfois elle s'abattait sur vous quand vous vous y attendiez le moins, elle vous attaquait en traître et ne vous lâchait pas. Vous deviez juste continuer à vous battre parce que, de toute façon, vous ne pouviez pas l'éviter et la vie en fournissait toujours plus.Les petits lignards qui couraient là-bas étaient destinés à la mort comme les troupeaux de moutons qu’on amène chez le boucher. Ils iront tomber dans une plaine de sable et de sang, la tête fendue d’un coup de sabre ou la poitrine trouée d’une balle de plomb. Ce ne sont que de jeunes adultes, trop vite sortie de l’adolescence ou tout simplement jeté en pâture aux gangs du coin, pour en faire de vrai quartiers de viandes, nerveux et impassibles. Leurs pères sont vieux et faibles. Leurs mères qui, pendant plus ou moins vingt ans, les ont aimés, adorés comme adorent les mères, apprendront dans six mois ou dans un an peut-être, que le fils qu’elles avaient élevé avec tant de peine, avec tant d’amour, fut jeté dans un trou comme un vulgaire chien crevé, après avoir été éventré par un boulet de flammes et piétiné, écrasé, mit en bouillie. Tant de haine qui envahit les cœurs. Toute cette puissance de feu adroitement mélangée aux cries perçant des jeunes enfants dont le bras ou la main avait été emporté par un coup maladroit. Une voiture roulait à toute allure vers eux. Positionnant son arme sur son épaule et fermant son œil gauche, la vaillante policière tira une première rafale. Le conducteur de l'auto semblait être dangereusement entraîné, chacune des balles qu'osait tirer le reste de la troupe, ripostait sur la ferraille de cet engin ou bien, s'en allait se perdre dans l'horizon. Le véhicule s'approchait de plus en plus dans une zone périlleuse. Deux collègues vinrent rejoindre leur supérieur afin de lui prêter main forte. C'était peine perdu.
On se replie ! ordonna le supérieur. Root sauta par-dessus un mur, qui celui-ci était construit par des blocs de ciment ; elle faisait face au fourgon, qui n'allait pas tarder à pointer son nez. C'était sa dernière chance avant que celui-ci ne s'échappe définitivement. Un vrombissement retentissait, qui se voulait de plus en plus proche. La peur envahissait peu à peu l'esprit de la jeune femme, allait-elle réussir ? Fermant quelques instants ses yeux, elle les rouvrit aussitôt à l'entente de cris, quasi de désespoir. Etait-ce déjà l'instant fatal ? Un enfant d'une dizaine d'année venait d'apparaître dans son champ de vision, la laissant sans voix ; tandis que le véhicule n'était qu'à une vingtaine de mètres de lui. Prenant son arme d'une main ferme, Root se mettait à courir, tirant à l'aveugle sur la camionnette qui se présentait à l'entrée de la cité. Le pare-brise se brisa en mille morceaux sous l'impact des balles, tout comme les pneus ; les passagers étaient à présent à découvert, perdant le contrôle du véhicule, ils allèrent s'écraser contre un mur. Le plaquant au sol comme une affiche au mur, la blonde se retrouvait en position de bouclier au dessus du gamin, le protégeant à l'aide de son corps de coups ou secousses meurtrières. Ses parents hurlaient de frayeur, apercevant cette scène de leur perron pendant que des agents de la DEA tentaient de stopper toutes actions des ravisseurs. Les pompiers arrivèrent rapidement sur les lieux. Root observa un instant le pompier qui tentait de lui communiquer une information. Puis, trou noir.
Est-ce que vous m'entendez ? Les yeux de la blonde s'ouvrèrent avec difficulté avant de se refermer aussitôt, ses forces s'échappant petits à petits de son corps. Mais entre deux clignements, elle put apercevoir une silhouette qui s'empara de son esprit durant tout son sommeil. une pompier répondant au nom de catherine.
elle est là, c'est pas pour rien. les images défilaient devant ses yeux mais elle ne semblait pas comprendre leur sens, la signification de cet enchaînement. son regard était perdu sur l'écran plat accroché sur le mur d’en face. elle releva les jambes, tout doucement, comme si elle ne voulait pas brusquer le déroulement du film qui se tenait devant elle. elle ne savait plus le nom du film, mais à entendre les hurlements que poussait la jeune femme blonde en courant dans ce couloir, ce film ne pouvait être qu'un film d'horreur. La jeune femme entoura ses jambes de ses bras.
tu crois qu'elle va mourir ? moi je crois que oui, c'est toujours comme ça, l'idiote du film se fait tuer en prenant une porte qu'on lui a hurlé de ne pas prendre. demanda-t-elle dans le vide. pas tout à fait dans le vide. elle sortit alors de son état catatonique et tourna la tête sur le côté, un sourire en coin se dessina.
tu sais que tu me fais flipper, comment tu peux savoir que j'arrive, j'ai essayé de ne pas faire de bruit. elle pencha la tête sur le côté.
tu as juste essayé, mais tu n’es absolument pas discrète. dit-elle en riant. son corps de défigea et se poussa sur le côté, laissant de la place sur le canapé pour sa plus proche, trop proche même, amie. alors qu'est-ce que j'ai raté de ce navet ? demanda-t-elle en croisant ses jambes en tailleurs. Root secoua la tête, navrée.
pas grand-chose à vrai dire, comme je te l'ai dit, l'idiote blonde de service ... elle sentit alors le regard de Catherine sur elle. elle se tourna et afficha une mine outrée, et la frappa sur l'épaule en guise de réponse. La blonde en perdit l'équilibre, ne s'attendant pas à ça, et se retrouva à plat ventre contre le sol. la jeune femme se pencha alors, à quatre patte sur le canapé.
ben alors, on ne tient plus… ça va ? demanda Root inquiète. Cat ne bougeait plus, elle posa alors une main sur son épaule et la bougea un peu. Mais rien. Aucun mouvement.
oh mon dieu, je l'ai tuée ! elle se pencha un peu plus, mais elle manqua de perdre l'équilibre et se rattrapa d'une main à même le sol et l'autre sur son amie. elle était dans une position peu confortable et un peu trop intime. elle sentit son cœur battre plus vite que d'habitude.
Cat, cap de me répondre ? elle la secoua. mais rien à faire, elle n’avait pas pu, elle n'avait pas pu la blesser comme ça. elle leva alors la tête, cherchant son téléphone, quand elle sentit un bras encercler sa taille. elle baissa aussitôt la tête et vit la blonde, complètement réveillée. elle n'eut pas le temps d'ouvrir la bouche qu'elle se retrouva dos au sol, la jeune femme sur elle.
Cap, tu sais que t'es adorable quand tu paniques. la jeune femme essaya de la repousser mais elle était beaucoup plus forte qu'elle, pour le coup.
tu n'es qu'une stupide imbécile ! elle arrêta de la taper mais qu'est-ce que tu peux être con ma parole, tu m'as fait tellement peur ! dit-elle en soupirant, levant les yeux au ciel.
c'était trop tentant ! la jeune femme lui tira la langue.
dis, ça te dis pas de te relever ? mais la seule réponse de Cat fût son mouvement de corps, elle se mit à l'aise sur elle.
non je suis bien là, c'est confortable Root la regarda outrée.
ah ouais ? je suis confortable ? ouais je crois bien elle se releva, lui tendant une main au passage pour l'aider à se relever. La blonde se remit à l'aise sur le canapé, aussitôt la gérante se dépêcha de la rejoindre et posa sa tête sur ses genoux, s'allongeant de tout son long.
on va manger quoi ce soir ? j'ai ramené à manger. la jeune femme releva alors la tête.
t'es bonne à marier toi ! Cat afficha un sourire en coin, et posa une de ses mains sur sa longue chevelure blonde. Elles se côtoient, apprennent à se connaître et malgré leur claire différence, semble beaucoup s'entendre. L'air de rien et au fil des jours, un petit jeu de séduction se met alors en place. Jeu auquel Root s'adonne non sans faire régulièrement marche arrière, toujours angoissée à l'idée de vivre pleinement qui elle est.