« Mais qu'est-ce que tu fabriques encore ?! » « Bah je m'épile ça se voit pas ? Tu crois quand même pas que je vais aller à l'hôpital avec tous ces poils ? » Franck ouvrit de grands yeux, regardant sa femme d'un air ahuri, il ouvrit et referma la bouche à plusieurs reprises, ne sachant quoi répondre à ça.
« Mais chérie, ça fait bien vingt minutes que tu as perdu les eaux, le travail a commencé, il faut aller à l'hôp... » Anastasia releva la tête, ses mèches rousses libérèrent alors son beau visage et de légères rides marquèrent l'écart entre ses sourcils alors que ces derniers se froncèrent.
« Oh, arrête de faire ta chochotte s'il te plaît. C'est bon, la petite va bien. Regarde moi, je sus grosse comme une vache, il doit y avoir encore au moins trente litres de liquide amniotique, elle est pas près de sortir, va ! » Le jeune homme resta planté là, à la regarder qui s'épilait les jambes -non sans difficulté à cause de son gros bidon- ne sachant quoi faire d'autre. On était le 1er Avril 1980 -et non ce n'est pas un poisson d'avril- et en effet, la petite Zelda se faisait désirer depuis un bout de temps puisqu'elle était censée venir au monde vers le 25 Mars, et les médecins lui laissaient encore deux jours avant de provoquer eux-même l'accouchement. Franck avait du mal à respirer, il attendait la naissance de sa petite fille avec impatience, et étant père pour la première fois, il flippait comme un malade, alors voir sa femme si détendue alors qu'il venait lui-même de se casser la figure en glissant dans la flaque de liquide amniotique était très frustrant. Anastasia éclata de rire en voyant son mari étendu par terre.
« Si tu dois te casser une jambe, attends de m'avoir emmenée à l'hôpital s'il te plaît... » Gêné et aussi blessé dans son amour-propre, Franck se leva et sortit de la salle de bain en grognant, puisque sa femme prenait tout son temps, il se rendit à la voiture pour la démarrer, et être prêt à partir quand Madame aura enfin terminé son atelier esthétique. Mais après alors qu'il tourna la clé, rien ne se produisit... La voiture refusait de démarrer ! Le jeune homme tapa sa tête contre le volant, appuyant ainsi sur le klaxon et sursauta. Il sortit de la voiture en claquant la portière rageusement. Il ne lui restait plus qu'à appeler un taxi, un taxi à deux heures du matin, super... Une dizaine de minutes plus tard, Anastasia sortit ENFIN de la salle de bain.
« Bon, t'es prêt ? Je t'attends là ! » Ça c'était elle tout craché, quelle fille culottée !
« Ouais bah la voiture démarre pas, faut attendre un taxi maintenant ! » La petite rouquine roula des yeux en soupirant et s'installa sur le canapé.
« Depuis le temps que je te dis qu'il faut envoyer ce vieux tacot à la fourrière. » Alors là, c'en était trop pour Franck, il pouvait tout supporter mais pas qu'on insulte son bébé !
« C'est pas un tacot ! C'est une Impala qui date de 67, alors attention à ce que tu dis ! » Bon, ils n'eurent pas le temps de se disputer davantage puisque le taxi arriva enfin. Franck aida sa baleine de femme à monter à l'arrière de la voiture. Une fois installée, Anastasia commença à se plaindre à cause des contractions.
« Franck, je crois que je suis en train d'accoucher ! » « Sans blague ? Je pensais qu'on allait à l'hôpital là parce que tu souffrais d'incontinence et que c'était dans ta pisse que j'ai glissé... » « Non, mais t'es con ou tu fais exprès ? La petite arrive là, elle sort, je la sens ! » Franck devint alors blanc comme un linge, il attrapa l'épaule du chauffeur pour le secouer.
« Dépêchez-vous ! Dans combien de temps serons-nous à l'hôpital. » Le chauffeur lui répondit alors qu'ils en auraient pour au moins vingt minutes. Franck ouvrit de grands yeux d'étonnement, vingt minutes ? Mais Anastasia ne pourrait jamais attendre aussi longtemps ! Celle-ci poussa un hurlement déchirant en agrippant la main de son mari tellement fort qu'il poussa un gémissement.
Pour ne pas heurter la sensibilités des plus jeunes, tous les mots jugés vulgaires seront censurés. « Bor*** de mer** ! Fais quelque chose pu***n de mer** ! » Mais Franck était complètement paumé, il posa timidement sa main sur le front trempé de sa femme.
« Allez, fais le petit chien... » Mais la rouquine lui répondit d'une voix aussi rauque qu'un monstre, elle était possédée ou enceinte ?
« Ton con***d de chien tu peux le foutre au c** ! Aide-moi à accoucher plutôt ! » Le visage du jeune homme se décomposa alors qu'il passa sa tête entre les cuisses de sa femme.
« Oh mon Dieu ! Mais c'est crade, je peux pas faire ça ! » Anastasia commença à perdre patience, oui, oui, elle était patiente encore là.
« Tu te fous de ma gueule là ?! D'habitude t'es le premier à vouloir foutre ta tronche entre mes cuisses et là ça te dégoûte ?! C'est toi qui m'as foutu dans cette merde alors fais la sortir tout de suite ! » Franck n'avait d'autre choix que de jouer son soumis, oui, règle n°1 : ne jamais contredire une femme enceinte, surtout les femmes de cette famille qui avaient un caractère de chien ! Timidement, il attrapa la tête du nourrisson déjà sortie.
« Eh, rassure moi, ton vagin va pas rester aussi large après hein ? Il sera plus aussi étroit qu'avant ? » Mais le regard que lui lança sa femme le dissuada de poser plus de questions. Après de gros efforts, et après avoir failli s'évanouir à trois reprises, Franck réussit à faire sortir sa fille qui se mit à crier. Tout fier de lui, les larmes aux yeux, il la prit dans ses bras alors que sa femme se laissa retomber sur la banquette arrière. Et ce fut à ce moment qu'ils arrivèrent à l'hôpital. Franck avait fait naître sa fille, tout seul comme un grand et tout s'était bien déroulé. Ainsi commença la vie de Zelda...
« Esprit es-tu là ? Si tu es là, manifeste toi. » Zelda était en train de flipper comme une malade. Quand ses potes de fac lui avaient proposé de faire une séance de spiritisme, elle n'avait pas osé dire non, de peur de passer pour une flippette, mais maintenant, elle regrettait. En tant que future médecin légiste, elle ne pouvait se permettre d'avoir peur des morts, mais là, elle était à la limite de se faire dessus...
« Bon les gars, je crois que c'est inutile de continuer, vous voyez bien qu'il n'y a aucun esprit ici... » Mais pile à ce moment-là, la planche de ouija se mit à bouger, Zelda poussa alors un cri aigu.
« Les mecs... c'est pas drôle... » Mais ses deux potes la regardèrent avec un air étonné, jurant n'y être pour rien. Zelda se leva alors, prête à partir de cette chambre qu'elle trouvait étouffante tout à coup.
« Zeeeldaaaa... » La jeune femme cessa de bouger, un frisson fit dresser ses cheveux sur sa nuque.
« Mais... mais... » Jake et Devon se retenaient pour ne pas éclater de rire, mais Zelda ne le remarqua pas. Elle était persuadée d'avoir entendu un esprit.
« Zelda ? Qu'est-ce qui t'arrive ? » « Bah, vous n'avez pas entendu ? » Les garçons secouèrent négativement la tête.
« Merde, Zelda, tu parles aux morts... » Et voilà comment Zelda est devenue convaincue d'avoir un don, celui de communiquer avec les morts... Jamais ses amis ne lui ont dit la vérité ; à savoir que la voix qu'elle avait entendue était celle d'un de leur pote qui s'était planqué.