L'effondrement de l'Iceberg - Dayton

La soirée au Golden House avait été mouvementée à tel point que la protection de la jeune femme se fissurait. Personne n'avait réussi un tel exploit auparavant, même pas sa famille. Elle commençait à ressentir de la souffrance, de la culpabilité et enfin de la colère. Elle avait fait une erreur et elle le regrettait terriblement. Pour tout oublier, elle acheta de l'ecstasy. Un seul comprimé et tout s'arrangeait. Pouvait-elle réduire tous les efforts de Dayton à néant grâce à ce simple petit comprimé ? Impossible. Elle prit son téléphone et composa le numéro de Carpenter Hey, hier soir c'était.. Tu peux venir maintenant ? A sa grande surprise il était disponible. Pourquoi avait-elle fait une chose pareille ? Ironie commençait à disparaitre, son masque aussi. Elle avait mal, très mal. Sa respiration était lente presque inexistante. Elle appuya son dos contre le mur afin d'éviter de s'évanouir, et glissa jusqu'à s'asseoir complètement. Il n'y a pas de mot pour décrire une telle sensation. Elle était tellement puissante que la drogue était plus que nécessaire. Elle aperçut les pieds de l'homme : comment avait-il pu entrer ? Puis elle se souvint d'avoir oublier de fermer la porte. Elle avait fait encore une erreur. Je ne veux pas ressentir ça, je ne peux pas. Sa me fait trop mal alors je t'en prie ne viens plus me voir Elle arpentait un sourire béat et un regard vide comme si Ice avait encore une fois disparu.

Dayton Carpenter revenait de la soirée crédule, et se posait un millier de questions sur la jeune femme. Lorsqu'elle l'appela, il passa par plusieurs états d'esprits : la surprise, la joie et enfin l'envie. L'envie d'aller la voir. Non il n'était pas amoureux d'elle. Elle non plus. Ils étaient seulement complémentaires. Du moins c'est ce qu'il pensait. La tête encore embrumée par la fatigue, il se releva difficilement de son lit. Il devait être 02:00 am. Ouais j'arrive Il enfila un T-shirt blanc et un simple jean, descendit dans la cuisine pour attraper sa veste et se rua vers sa voiture. Il mit le contact et déboula à l'adresse qu'elle lui avait donné la veille. Au téléphone, Evans avait une voix étrange, comme si elle avait fait le pire. Inquiet pour elle, il grilla quelques feux rouges.
La porte de son appartement était ouverte alors il entra prudemment pour apercevoir la jeune femme assise contre le rebord du mur, un comprimé à la main. Il était trop loin pour savoir si c'était un médicament ou de la drogue. Ainsi, il fit quelques pas pour voir qu'en réalité c'était de l'ecstasy. Il ponctua sa phrase d'un regard compréhensif J'ignore ce que tu as mais un jour il faudra que tu sortes de ta bulle. Il faudra que tu vives ta vie. Et sache que je n'aurai jamais pitié de toi. Quoi que tu es pu subir ou quoi que tu es pu faire, jamais tu m'entends ? Jamais. Si tu veux que je parte, je partirai mais rien ne pardonnera ton acte dit-il d'une voix froide tout en s'agenouillant afin de lui faire face

A la suite de sa phrase, Ice le repoussa violemment Tu ne comprends rien espèce d'abruti ! Mon fils est mort. Alors comme ça je ne te fais pas pitié ? Nathan est mort.. Sa bulle se cassait petit à petit sous les yeux de son "seul ami". Ses mots sonnaient si loin et si proches à la fois qu'il fallait qu'elle le répète. Il est mort. La réalité éclatait enfin. Elle n'arrivait plus à respirer et ne pouvait que hurler de douleur. Elle lâcha le comprimé et s'effondra sur le sol. C'était insupportable. Toutes ses émotions refoulées resurgirent en l'espace de quelques secondes. Cette fois-ci elle avait réellement toucher le fond en se livrant devant un inconnu. Elle voulait revenir en arrière mais c'était impossible. Nathan était mort et il ne reviendra plus. Aucune bulle ne pouvait la protéger éternellement. Les larmes suivirent le cri en inondant son visage autrefois si bien caché. Elle releva son regard quelques instants pour observer l'homme qui l'avait délivré puis emprisonné dans ce monde sans Nate. La panique l'avait submergé en nouant son estomac, en contractant ses voies respiratoires et en paralysant ses membres.

Vidéo illustrant la crise de Ice Evans:

Elle avait prononcé trois mots dévastateurs. Ice Evans était en réalité une bombe à retardement qui attendait qu'on la désactive. Comment avait-il pu passer à côté de ça ? Même un aveugle aurait pu comprendre. Mais pas lui. Dayton Carpenter avait été l'idiot de service. Devant une telle souffrance, les larmes se créèrent contre son gré sans s'écouler sur son visage. Il avait les yeux rouges et gonflés, et pourtant il gardait son sang froid. Elle s'écroula par terre. Pendant un instant, l'instant où elle le regardait il comprit qu'elle était complètement brisée. Il ne pouvait rien pour elle mais il pouvait être là quand même. Il l'enlaça en enroulant ses bras autour de sa taille et en la relevant quelque peu afin de la poser délicatement contre lui. Evans, je n'aurai jamais pitié de toi. Tu es belle, tu es intelligente, tu es drôle. C'est normal de souffrir, tu vas surmonter ça dit-il tout en la serrant dans ses bras un peu plus. Il se reconnaissait énormément en elle. A une époque il aurait pu terminer de cette façon. Bloqué dans une sorte d'autre monde en trimballant un corps qu'il haïssait. Calme toi, tu vas y arriver se répéta-t-il tout en caressant les cheveux de la jeune femme de sa main libre. Evans, regarde moi. Regarde moi. Tu n'es pas seule, tu m'entends ?

Incapable de bouger, Ice écoutait et regardait son "seul ami" pour la première fois depuis leur rencontre. Elle n'avait pas l'habitude d'écouter les gens avant. Enfermée dans cette bulle, elle ne pouvait pas les entendre. Mais à présent, elle l'entendait. Elle voulait l'entendre. Elle agrippa le bras de Dayton de toutes ses forces tout en déversant les larmes qu'elle avait accumulé sur son T-shirt. Je.. Je ne peux pas vivre sans lui Puis elle commençait à respirer un peu plus lentement et en faisant des inspirations plus longues. Quand il lui dit qu'elle n'était pas seule, la jeune femme était presque stupéfaite. Personne ne lui avait dit encore ces mots. Son fils était mort et Dayton Carpenter l'avait sauvé avec seulement trois petits mots. Elle approchait son visage du sien tout en posant sa main sur celui-ci afin de poser ses lèvres contre les siennes. Il était là juste devant elle pendant tout ce temps et elle l'avait enfin remarqué.

Il prolongea son baiser le plus longtemps possible comme si le temps s'était arrêté. C'était la soirée la plus sincère auquel il avait pu assister. Il la serrait dans ses bras pendant qu'elle pleurait, comme si ils étaient deux êtres complémentaires. Les mots étaient inutiles, les gestes aussi. Non, seule la sincérité était présente.
Evans finit par s'endormir dans ses bras quelques heures plus tard. Il la porta jusque dans sa chambre, la déposa sur son lit et la regarda. Quelques secondes suffirent pour savoir. Savoir qu'il était en train de tomber amoureux, savoir que c'était la bonne. On était le 14 février 2016, le jour de la Saint-Valentin et Dayton Carpenter avait vécu quelque chose des plus intenses en l'espace de quelques secondes. Il finit par s'endormir à ses côtés, complètement épuisé. L'iceberg s'était effondré. Un avenir était donc disponible pour les deux adultes. Un avenir pas des plus simples mais pas des compliqués non plus. Dayton devait, lui aussi, arrêter de fuir son passé, et commencer à vivre sa vie comme ses frère et soeurs. Cette fois-ci il voulait que ça marche. Il était déterminé.