I'm handin' on another day - Casia

La journée avait plutôt bien commencé, Anna commençait vraiment à bien prendre ses marques et se débrouillait de mieux en mieux. Encore quelques jours et je pense qu’elle sera définitivement prête. J’étais plutôt en forme aujourd’hui, j’avais passé un week-end assez tranquille : quelques courses, et j’avais été diné avec une amie. Plus tranquille que Mattéo qui d’après ce qu’il m’avait dit avait passé une soirée et une nuit mouvementée, et avait eu une belle gueule de bois la veille.

Il y avait eu pas mal d’interventions depuis ce matin, alors je ne l’avais même pas vu encore. Je venais de rentrer avec Anna, et j’avais été prendre une tasse de café. Et quelques minutes après je vis que Mattéo venait lui aussi de rentrer et vint également prendre un café. Je lui adressai alors un léger sourire quand il entra « Salut », je l’observais quelques secondes avant de dire « Alors, ça va mieux ? » Il avait l’air d’aller pas trop mal. Après hier je n’avais pas été là pour juger, je ne pouvais donc pas trop comparer. Et je n'allai pas le blâmer d'avoir trop fait la fête non plus, ça pouvait arriver à tout le monde.

"- Ca va un peu mieux, j'ai encore la tête qui sonne par moment" et Matteo bu un peu de café tout en s'approchant encore un peu d'elle. "- tu m'as manqué tu sais..." et puis il soupira, la regardant longuement. "- J'ai pu faire changer la serrure, faudra que je te donne la nouvelle clef." Malheureusement ils n'eurent pas vraiment le temps de discuter plus qu'une personne entra dans la salle pour venir se prendre un café elle aussi et puis elle sortit avec sa tasse. Mais le temps que celle-ci parte, personne n'avait rien dit, excepté quelques regards.
Ce n'était vraiment pas pratique pour se voir ou pour discuter cette salle de pause, surtout quand ils ne s'étaient pas vu depuis trois jours au moins.
"- Tu bosses sur quoi ?" Matteo lui venait de rentrer d'une petite intervention, rien de bien méchant, attraper un dealeur et un peu de stock mais c'était loin d'être une grosse prise, il y avait encore bien plus haut au dessus de ce type donc ils avaient encore de quoi bosser s'ils arrivaient à faire parler le mec.

Alors que Mattéo venait d’entrer pour se prendre un café, je l’avais salué à mon tour et lui avait demandé si il allait mieux. Apparemment ça allait un peu mieux mais il avait encore quelques maux de tête. J’espère pour lui que ça passerai vite. Il y a longtemps que je ne m’étais pas réveillée ainsi, mais des souvenirs que j’en avais c’était désagréable ça c’est certain. Et lorsque Mattéo s’approcha de moi pour me dire que je lui avais manqué, je souris légèrement « tu m’as manqué aussi » Oui vivement que la journée soit terminé, avec un peu de chance on pourra se voir un peu ce soir. Puis Mattéo enchaina sur l’histoire de sa serrure, apparemment c’était réglé. Mais je n’eus pas le temps de répondre car un collège vint se prendre un café je répondis alors d’un simple signe de tête à Mattéo.

Et quand Mattéo me demanda sur quoi je bossais, je pris une gorgée de café et répondis « Le sergent nous a demandé de surveiller deux types qui sont soupçonnés pour trafic d’arme. Ça n’a pas donné grand-chose…et toi ? » Non, pas grand-chose du tout. J’avais trouvé ça long, mais c’était formateur pour Anna.

"- On vient d'arrêter un petit dealeur, on a saisi quelques kilos, mais pas grand chose. On va voir si l'interrogatoire donne quelque chose." Matteo avait assez ce genre d'affaire, ça occupait en général.
Il ne pu s'empêcher de frôler la main de Cassia tout en restant en face d'elle et en la regardant, lui faisant un léger sourire. Il faudrait qu'il lui donne sa clef et il devrait en profiter pour le faire maintenant. C'est ce qu'il finit par faire après avoir posé sa tasse sur la table. Il fouilla dans sa poche et sortit son porte clef pour défaire le double qu'il avait amené avec lui et la donna à Cassia. "- tu pourras jeter l'autre si tu veux." de toute façon elle ne servirait plus à rien.

Et quelques minutes plus tard alors que Matteo termina son café, le sergent arriva dans la salle de pause et s'adressa directement à Cassia. "- Hamilton, ta coéquipière et toi avez une nouvelle affaire. Une jeune femme demande à parler à des officiers femmes, elle dit qu'elle ne veut parler qu'à des femmes." et il lui fit signe d'y aller maintenant, pas la peine de la faire attendre trop longtemps sinon elle pourrait bien s'en aller avant que quelqu'un ne s'occupe d'elle. "- elle est dans le hall." Matteo regarda Cassia et lui fit un regard qui voulait dire que ça devait être une affaire un peu délicate si elle faisait ce genre de demande. Donc il valait mieux pour elle qu'elle ne traine pas trop.

Trois jours sans se voir c’était long quand même. Après c’était tout à fait normal qu’on puisse sortir chacun de notre côté, et puis bon je n’allais pas en vouloir à Matt d’être sortie et d’avoir fait un peu trop la fête. On trouvera bien un moment pour se voir prochainement. Mattéo lui travaillait sur l’affaire d’un dealer apparemment. Je souris légèrement en sentant la main de Mattéo frôler la mienne. J’aimais ce genre de contact. Puis je regardai Mattéo se reculer légèrement pour au final me donner la clé de son appartement « D’accord, merci » dis-je en souriant légèrement.

Par la suite le sergent arriva et me dit que je devais, avec Anna, m’occuper d’une affaire. Une jeune femme qui voulait parler uniquement à des femmes. « On y va tout suite » . Anna ne devait pas être bien loin. Je posai alors ma tasse de café. Cette affaire m’intriguait, ça n’annonçait rien de bon pour cette jeune femme. « Je file, j’espère qu’on pourra ce soir plus tard » . Sur ces mots, j’adressai un ultime sourire à Mattéo et quittai la pièce afin d ‘aller chercher Anna et de descendre dans le hall à la rencontre de cette jeune femme.

"- Oui, a +" et Matteo la regarda s'en aller, pour ensuite faire la même chose de son côté, repartir bosser à l'interrogatoire du dealeur qu'ils veinaient d'arrêter quelques temps plus tôt.

La jeune femme qui attendait les inspecteurs femmes, semblait relativement nerveuse et cela se voyait dans son comportement mais aussi sur ses mains qui tremblaient légèrement. Elle semblait craindre quelque chose et cela pouvait difficilement se comprendre si l'on ne savait pas pourquoi elle était venue au commissariat. Quand elle vit arriver les deux flics en civils elle semblait se calmer un peu mais restait malgré tout très nerveuse. "- Je voudrais porter plainte, j'ai passé les examens médicaux hier, j'ai tout dans le dossier qui est là." et qu'elle tenait tout contre elle, tout en continuant à trembler légèrement. "- C'est, c'est que, le type qui a fait c'est dans la police et j'ai très peur de tomber sur lui, vous comprenez ? Enfin, je suppose c'est ce qu'il m'a dit samedi soir quand je l'ai croisé dans ce bar" après ce qu'on lui avait dit était peu être faux, allez savoir.

Une fois arrivé devant le hall, j’allai vers la jeune femme qui ne semblait pas du tout à son aise. Et à peine présentée, la jeune femme nous dit qu’elle voulait porter plainte qu’elle avait tout dans ce dossier. De plus elle avait déjà passé des examens médicaux, et elle ajouta que l’homme qui avait apparemment abusé d’elle était flic. Je fronçai les sourcils, un flic qui a violé une femme ? Mais quelle horreur… « D’accord, on va s’occuper de vous. On va monter à l’étage, on sera mieux pour parler, vous allez tout nous raconter ». Je lui fis signe alors de nous suivre afin de monter au bureau. Là-bas ça sera nettement mieux pour prendre sa déposition et essayer de comprendre ce qu’il s’est passé. Si elle avait déjà passer les examens c’était bien, mais c’était rare. Généralement les victimes tardaient justement à y aller, ayant peur. Je n’aimais vraiment pas ce genre d’affaire quand il s’agissait d’abus sexuel, ça me remontait, vraiment.

Une fois arrivé aux bureaux, je dis à la jeune femme de me suivre. « C’est lui… » Je regardai la jeune femme un peu perplexe. Puis elle pointa quelqu’un du doigt « C’est lui, je le reconnais ! C’est lui qui a abusé de moi samedi soir ! » Elle pointait du doigt Mattéo. C’était quoi cette histoire ?

Matteo devait normalement aller questionner ce dealeur qu'ils avaient arrêté avec Hampton, seulement le mec semblait être encore dans son tripe alors pour le moment c'était impossible. Matteo était donc retourner à son bureau pour vérifier quelques trucs et puis ensuite il était aller prendre un autre café. Si bien que lorsqu'il sortit de la salle de pause il pu voir Cassia en compagnie de cette femme qui voulait absolument parler avec d'autres femmes flics et faut super surpris par ce qu'il entendit. Au début il ne compris pas qu'elle s'adressait à lui mais après quelques secondes se rendit compte que son visage ne lui était pas inconnu. Mais ce qu'elle rajouta la laissa totalement interdit.
Fronçant les sourcils, il la regarda l'air super étonné. Qu'est ce qu'elle racontait ? lui se souvenait qu'elle l'avait abordé parce qu'elle avait un problème avec sa voiture et qu'il l'avait un peu aider, du moins c'est ce qu'il se souvenait mais après c'est clair que c'était vague. Et rien que d'y penser ça lui donnait mal à la tête, mais ce qu'elle venait de dire, franchement "- hein ?" c'est moi qui ait fait quoi ? Matteo n'arrivait toujours pas à croire ce qu'elle venait de dire. "- Je l'ai griffé dans le cou, vous n'avez qu'à regarder il a forcément une marque." et elle semblait commencer à avoir peur de lui. Mais ce qu'elle venait de dire posa problème à Matteo, qui mit instinctivement sa main au niveau de son cou, là, où effectivement il avait une légère griffure qu'il pensait s'être fait avec ses potes lors de cette soirée. Et le fait qu'il n'hésite pas et qu'il mette sa main exactement du bon côté prouvait que c'était bien vrai. Qu'il avait bien quelque chose. Matteo semblait de plus en plus choqué par ce qu'elle pouvait dire et ce qu'il était en train de réaliser. "- Mais j'ai rien fait, j'lui ait rien fait. C'est forcément une erreur."

Et bien sur tout ce remue ménage fit sortir le sergent de son bureau et celui-ci compris vaguement la situation. "- Stevens dans mon bureau, Hamilton t'emmène ton témoin en salle de pause et tu règles ça." Matteo n'eut pas d'autres choix que d'aller dans le bureau du sergent en compagnie de celui-ci et un silence de mort s'installa durant quelques minutes.

A peine arrivées aux bureaux, la jeune femme venait clairement d’accuser à haute voix et devant tout le monde que c’était Mattéo qui avait abusé d’elle ce fameux soir. Pincez moi j’étais en plein rêve. Mon regard se posa instinctivement sur Mattéo, qui lui semblait complétement abasourdi. En même temps il y avait de quoi ! Et a jeune femme ajouta alors que c’était bien lui et qu’il devait avoir une griffure au niveau du cou car elle se souvenait l’avoir griffé cette fameuse nuit. Et elle nous dit alors de regarder que Mattéo devait forcément avoir une marque. J’allai rétorquer mais quand je vis Matt poser instinctivement sa main sur sa nuque. Non c’était une blague ? Il avait vraiment une marque au cou comme elle venait de le dire ?
Puis le sergent arriva et demanda à Mattéo d’aller dans son bureau, et moi d’aller avec la jeune femme en salle de pause. Je m’exécutai donc. Et une fois la jeune femme assise, je feuilletai le dossier qu’elle avait emmené.

« Vous n’allez rien faire ? L’homme qui a abusé de moi et juste là et vous le laissez ? » Je levai les yeux vers elle. J’étais en plein cauchemar ou quoi ? « Ecoutez, vous avez cru le reconnaitre, c’est peut être juste une erreur, il ressemble peut-être à votre agresseur… » « Non, c’est lui, je vous assure ! Il a même une marque au cou qu’est-ce qu’il vous faut de plus ? C'est lui qui était dans ce bar, je lui ai demandé de m'aider car ma voiture ne voulait plus démarré et c'est là qu'il ...» Okay, bon je voulais bien être gentille et compatir avec ce qui lui était arrivé mais fallait pas pousser. Mattéo violeter une femme ? N'importe quoi ! Et puis même, on était ensemble, et même si il avait trop bu il n'aurait pas fait cela. « Malheureusement une simple griffure au cou ne prouve pas grand-chose, il faudra attendre les résultats des tests que vous avez effectué » Oui en plein cauchemar, mais qu’est-ce que c’était que cette histoire encore ?

"- J'ai tout gardé, mes vêtements, j'ai même gardé le préservatif qu'il a utilisé, j'ai des preuves, c'est lui j'vous dit !" et elle se mit à pleurer tout en continuant à trembler les mains sur le dossier qu'elle avait déposé sur la table. "- Je peux tout vous donner pour les faire analyser mais moi je sais que c'est lui. Il m'a menacé, parce qu'il a une copine et qu'il voulait pas qu'elle sache. Mais je peux pas, je peux pas rester avec ce secret, il m'a fait du mal.. vous comprenez ?" elle semblait vraiment complètement sous le choc. Et puis elle ajouta l'air de dire que de toute façon ils ne feraient rien. "- C'est un flic et forcément vous allez le couvrir malgré ce qu'il a fait parce que vous bossez avec lui, c'est vraiment dégueulasse. Mais je m'en fou si vous faites rien j'irai ailleurs pour porter plainte et j'ai déjà prit un avocat, elle se fera une joie de vous descendre. C'est dégueulasse." bien sur elle s'emportait un peu mais elle semblait sous le coup de l'émotion.

Le sergent interrompit quelques minutes la jeune femme et fit venir Anna dans son bureau avant de lui expliquer qu'il voulait qu'elle prenne sa déposition, qu'il était hors de question que cette histoire soit étouffée, et ce devant Matteo et en le regardant bien dans les yeux. Puis il ajouta à l'attention de Matteo "-j'espère pour toi que c'est bel et bien une erreur, parce que je ne ferais aucun cadeau à l'un de mes inspecteurs" "- Mais chef..." Matteo n'eut pas le temps d'ajouter autre chose qu'il le fit taire d'un regard et renvoya Anna prendre la déposition de la jeune femme. Lorsque la déposition serait prise et que le sergent l'aura lu il pourra prendre sa décision au sujet de Matteo, mais une telle accusation il est clair qu'il allait être suspendu durant toute la durée de l'enquête. Et lorsque les résultats seraient là ça pourrait être encore pire pour lui.

Je connaissais bien Mattéo, et il n’avait jamais été du genre à être violent avec une femme, et ça même si il avait plus ou moins abusé de l’alcool. Okay, il avait été boire quelques verres avec des amis samedi soir, okay il avait trop bu. Mais non, il n’aurait jamais abusé d’une femme, non jamais. Puis d’un coup la jeune femme commença à s’emballer, et à donner encore plus de détails. Et à ce moment très précis j’avais envie juste de me boucher les oreilles pour ne pas entendre tout ça, ou alors de partir vite et loin. « Calmez-vous, une enquête va être ouverte d’accord ? » Mais elle ne répondit plus rien. Ce n’était pas possible que tout cela soit la vérité, non impossible.
Le sergent interrompu alors le moment et fit venir Anna dans son bureau. C’est Anna qui devait se charger de prendre la déposition de la jeune femme.

Je la laissai donc faire. Je pris ensuite mon portable et passai quelques coups de fils afin que les affaires de la victime soit analysé au plus vite et qu’on ait vite une réponse. Une réponse du genre, non l’adn n’est pas le même que celui de Mattéo. J’étais mal, vraiment mal. Je n’osais même pas comment pouvait être Mattéo. Je frappai ensuite à la porte du sergent « Entrez ! », j’ouvris alors la porte, jetai un bref coup d’œil à Mattéo et dis ensuite « J’ai passé quelques coups de fils, l’affaire passe en priorité, et les analyses des affaires de la jeune femme aussi. On aura les résultats plus rapidement… »

Matteo était vraiment mal là et encore plus quand Cassia se pointa dans le bureau et commença à parler. Visiblement ils allaient ouvrir une enquête et Matteo espérait vraiment qu'ils allaient démonter que tout ça était faut. C'est vrai qu'il avait cette écorchure et qu'il ne savait pas comment il s'était fait ça mais il avait un gros vide sur la fin de la soirée et ne se souvenait presque plus de rien du tout. "- Je suppose que tu sais ce qu'il t'attends Stevens ?" Matteo regarda le sergent et fit une légère moue avant de prendre son arme et son étuis et de le retirer de sa ceinture ainsi que son badge. "- Oui, je sais exactement ce qui m'attends." et il déposa tout ça sur le bureau du sergent avant d'ajouter "- Est-ce que j'ai le droit de rester là ou je dois aussi m'enfermer chez moi ?" Matteo l'avait mauvaise mais sur le coup ça fait toujours mal de faire l'objet d'une enquête.
"- Tu vas devoir attendre un peu avant de rentrer chez toi. On va devoir t'interroger pour avoir ta version de la soirée de samedi soir et ensuite seulement tu rentreras chez toi. Et je compte sur toi pour te tenir tranquille." "- Oui Sergent ! Je vais pas faire de vagues si c'est ça que vous sous entendez. Qui se charge de m'interroger ?" "- Pourquoi pas Hamilton ?" et il la regarda attendant d'avoir sa réponse. Vu qu'elle était là il avait pensé à elle mais ça pouvait être n'importe qui d'autre.

J’étais un peu perdue, complètement même. D’un côté il y avait cette femme qui pleurait et qui voulait que justice soit fait. Et d’un autre côté il y a Mattéo qui, je le sais, ne ferais jamais une telle chose. Du coup, j’avais fait en sorte que les résultats arrivent le plus rapidement possible et j’avais été l’annoncé au sergent. Ce dernier parla ensuite à Mattéo, et ça me fit mal de le voir de poser son arme et son badge sur le bureau. Puis Mattéo demanda alors s’il avait le droit de rester là ou non. Et le sergent lui répondit que pour le moment il devait rester ici car il devait être interrogé. On devait avoir sa version des faits également. Mattéo interrogé comme un vulgaire suspect ? Sérieusement, ce n’était pas réel… Et lorsque Mattéo demanda qui allait se charger de l’interroger le sergent proposa que ça soit moi « Moi !? Je ne sais pas si c’est une bonne idée sergent… » Oui nous étions coéquipiers donc proches et encore plus proches d’ailleurs. Mais ça personne ne le savait. « Anna prend déjà la déposition de la victime, tout le monde est très occupé. Je compte sur vous pour mener cet interrogatoire comme d’habitude » Comme d’habitude, comment c’était possible ? J’allais devoir interroger mon coéquipier et mon petit ami… « Oui sergent » . Je fis alors signe à Mattéo de me suivre. J’étais mal à l’aise, clairement. Il était temps d’aller en salle d’interrogatoire maintenant.

Matteo aurait clairement préféré que ce soit une autre personne, mais vu qu'il était flic, n'importe qui s'en chargeant n'aurait pas été spécialement à l'aise. Mais quand quelqu'un vous accuse vous avez le devoir de vous défendre et surtout de donner votre témoignage sans ça, c'est une preuve indirect de votre culpabilité, ça Matteo ne le savait que trop bien. Seulement, c'était Cassia là et ce n'était pas vraiment la meilleure chose à faire. Matteo ouvrit la bouche pour parler mais ne dit rien en écoutant les arguments du sergent. De plus, vouloir changer signifiait qu'il y avait problème et ce n'était sans doute pas vraiment le bon moment pour ce genre de détails.

Matteo la suivit donc en salle d'interrogatoire et prit place sur une chaise. Sachant très bien comment ça allait se passer, surtout qu'en plus le sergent risquait de se pointer dans la salle d'à côté, il était donc impossible qu'il se montrer trop familier avec elle. Il soupira longuement et passa ses mains sur son visage avant de commencer à parler. Parce qu'il voyait bien qu'elle était mal à l'aise aussi. "- Tu me connais, tu sais très bien que je n'aurais jamais fait une chose pareil, même en ayant bu." mais ça commençait mal, le but n'était pas  de la convaincre mais de lui donner sa version de la soirée. "- Avec mes amis on a pas mal bu je l'avoue mais quand j'suis sortit j'étais encore en état, j'veux dire je savais encore ce que je disais ce que je faisais. C'est après que c'est le trou noir. Quand j'ai croisé cette femme elle m'a demandé de l'aide parce que sa voiture ne voulait pas démarrer, je l'ai aidé je m'en souviens et après elle a insisté pour me payer un verre et on a échangé quelques banalités et après je crois que je l'ai raccompagné à sa voiture.. et après je sais plus trop, elle est partit, j'ai appelé un taxi, j'suis rentré.. et j'ignore comment cette égratignure est arrivé là. J'me suis sans doute fait mal en bricolant sa voiture, j'en sais rien.. et je ne sais pas non plus quelle heure il était quand j'suis rentré chez moi. Mais je l'ai pas touché, je te jure que j'ai rien fait." et Matteo avait beau être persuadé que c'était pas le cas, il y avait quand même un énorme trou noir pour cette nuit que lui même était incapable de combler.

Installés en salle d’interrogatoire, je posai devant moi le dossier que la jeune femme m’avait apporté, et pris de quoi prendre quelques notes. Je savais très bien que j’allai devoir lui poser des questions qui n’allaient pas forcément lui faire plaisir, mais comment faire autrement ? Même des questions où je connaissais déjà la réponse. C’était du n’importe quoi… Mais avant que j’eus le temps de dire quoi que ce soit Mattéo prit la parole tout en soupirant et en se passant les mains sur mon visage. Et quand Mattéo me dit que je le connaissais et qu’il n’aurait jamais fait une telle chose mais en ayant trop bu, je posai mon regard sur lui et acquiesçai en silence. Oui ça je savais qu’il était incapable de faire une telle chose.

Et Mattéo se lança ensuite dans une longue tirade m’expliquant toute la soirée. Mais je fus relativement surprise quand il me dit qu’il avait quand même accepté de boire un verre avec elle. Sachant qu’il avait déjà bien bu pourquoi avoir fait ça ? Je pris alors quelques notes. « Donc, tu reconnais l’avoir vu ce soir-là… » Ce n’était pas tellement une question, plus une affirmation, j’ajoutai ensuite « Et quand vous avez pris ce verre ensemble, quelle genre de banalité avez-vous échangez ? » Ce n’était pas de la curiosité mais bel et bien une question professionnelle. Peut-être que ça nous aidera pour la suite de l’enquête.

"- Oui, mais je ne l'ai pas toucher." Matteo savait très bien qu'elle posait des question professionnelles, qu'elles n'avaient rien de personnel. Il savait tout ça et il était prêt à tout pour que ce cauchemars cesse. Oui, il ferait tous les tests qu'on lui demanderait, il était même prêt à avouer qu'il couchait avec sa partenaire si ça pouvait aider dans cette histoire mais ça c'est clair que non.
"- Euh..." et il fronçai les sourcils, essayant de se rappeler ce qu'ils avaient bien pu dire. "- Je lui ai dit que j'avais quelqu'un parce que je crois qu'elle m'a posé la question de manière indirect, que je vivais seul, elle a du me demander si j'avais des animaux je crois et elle m'a demandé quel métier je faisais, c'est là que je lui ai dit que j'étais policier. Elle m'a dit qu'elle aussi était seule, sinon elle aurait appelé son mec plutôt que d'ennuyé quelqu'un dans ca bar. Et bien sur mise à part le barman, je crois qu'on était seuls à ce moment là." Oui, y'aurait toujours le barman qui pourrait confirmer que Matteo n'était pas agressif et qu'ils avaient bu un verre et échanger comme des gens normaux.
Cassia pourrait toujours aller l'interroger plus tard.

Si un jour on m’avait dit que j’interrogerais Mattéo accusé du viol d’une jeune femme… Non je n’y aurais pas cru du tout ! J’écoutais attentivement Mattéo, prenant soin de noter consciencieusement. Malheureusement il avait dit avoir pris un verre avec cette jeune femme alors il me fallait un peu plus de détail. Mattéo tentait alors de se souvenir aux mieux des échanges qu’ils avaient eu, oui c’était quelques banalités. En revanche je trouvais ça étrange qu’elle lui ait demandé si il avait quelqu’un dans sa vie. Elle l’avait dragué ou bien ? « J’irai voir le barman, il me faut l’adresse du bar » dis-je en faisant glisser un crayon et de quoi noter à Mattéo.

Je passai alors une main dans mes cheveux. J’avais vraiment l’impression d’être en plein cauchemar. Je n’imaginais pas Mattéo. Et lorsque Mattéo eu terminé de me noter l’adresse, je me levai et posai mon regard sur lui « J’en ai assez pour le moment, quelqu’un va venir pour avoir un échantillon de ton adn et quelques examens … » Oui un petit coton-tige dans la bouche, histoire de comparer les adn. Et j’espérais que ça aille vite et que tout ça se termine. D’ailleurs au même moment la personne concernée entra dans la salle. Je lançai alors un dernier regard à Mattéo, un regard compatissant, et quittai la pièce.

"- D'accord." Matteo comprenait très bien et espérait qu'il confirmerait ce qu'il venait de dire, sur tout ça. Il nota donc l'adresse ainsi que le nom du bar, espérant que le type serait dans les parages quand elle irait, histoire que ça aille vite.
"- Je sais..." lui dit Matteo tout en soupirant. Oui, il voulait bien donner son ADN et faire tout ce qu'il fallait pour que tout ceci cesse rapidement.
Une personne entra et Matt savait pourquoi elle était là et il vit Cassia quitter la pièce et jeta à son tour un petit regard dans sa direction, espérant vraiment qu'elle ne croyait pas que tout ceci soit vrai.
La personne s'approcha de Matt et lui dit simplement. "- Ca va prendre deux minutes à peine et ça ne fait pas mal." "- Je sais, faite ce que vous avez à faire" et il se montra extrêmement coopératif, laissant la personne faire ce qu'elle devait et restant ensuite dans la pièce en attendant qu'on lui dise qu'il pouvait sortir.

Ce fut le sergent qui entra dans la pièce et qui lui dit qu'il pouvait s'en aller et rentrer chez lui, qu'il espérait qu'il se tiendrait tranquille et qu'il se montrerait coopératif aussi si l'enquête devait continuer. Et que s'il faisait une seule vague on lui collerait quelqu'un sur le dos. Alors quand Matt sortit de la salle d'interrogatoire, il eut le droit à divers regards, allant de la compassion au dédain. Comme il n'avait plus rien à faire ici, il se rendit au vestiaire. En temps normal un test ADN mettait environ trois jours à être réalisé, là, vu qu'ils avaient demandé à ce que ça aille vite probablement que le lendemain en fin de journée ils auraient les résultats. Matt se posa sur le banc dans le vestiaire et resta un moment là, à ne rien faire d'autre. Il savait qu'il lui faudrait aussi contacter un délégué syndical et espérons pour lui qu'il n'aurait pas à prendre un avocat. Mais ce qui l'ennuyait le plus c'était de ne pas se souvenir de la totalité de cette soirée.

J’avais l’impression que tout cela prenait des proportions énormes. Trop énormes même. Certes il y avait quelques similitudes, Mattéo avouait clairement avoir pris un verre avec elle, il y avait aussi cette griffure dans le cou, mais quand même…J’avais pas mal d’informations, certains éléments étaient similaires à ce que nous avais raconté la jeune femme sauf la fin bien évidemment. Et lorsque que la personne chargé de comparer les adn était arrivée j’avais quitté la pièce. De toute façon les deux adn n’allaient pas correspondent. Déjà parce que Mattéo n’aurait pas abusé d’une femme. Et parce que lui et moi on était ensemble tout simplement.

J’allai alors donner les dernières informations, je m’apprêtais à aller voir le barman mais finalement le sergent envoya quelqu’un d’autre. Je ne comprenais plus trop. Mais je commençais à comprendre que le sergent pensait que étant la coéquipière de Mattéo ce n’était pas trop bon de me mettre en première ligne. Peu importe, moi je faisais mon boulot, c’est tout. Je traversais alors le couloir et en passant devant le vestiaire, je vis que Matt était là, assis sur un banc. Je me stoppais net, et entrai dans les vestiaires. Je m’assis alors à côté de lui. Je posai ma main sur son bras « Matt… ne t’en fais pas, d’ici demain tout ça sera terminé… » Ça devait être dur pour lui, très dur même.

Matteo avait beau être certain de n'avoir rien fait, il y avait ce doute, doute qui commençait sérieusement à entamer sa volonté et surtout sa positivité. Si vraiment il avait oublier ? c'était possible ça, parfois les gens font des choses tellement énormes que leur cerveau refuse qu'ils en gardent le souvenir. Oui, Matteo commençait sérieusement à douter, s'il n'y avait pas ce gros trou noir il ne se poserait même pas la question.
Quand Cassia entra dans le vestiaire, Matteo leva à peine les yeux. Qu'est ce qu'elle devait penser de lui ? Il se sentait mal, très mal.
Et ce qu'elle dit aurait normalement du le rassurer mais apparemment il commençait à douter lui même de toute cette histoire. "- Tu sais que j'ai oublié une partie de la soirée..." et il se mordilla la lèvre inférieur tout en posant les yeux sur Cassia avant d'ajouter "- et si c'était vraiment moi..." il s'en serait souvenu quand même. Quand on a des relations sexuelles en général on s'en souviens, du moins son corps s'en souviens si sa tête elle refuse de s'en souvenir. C'était vraiment trop étrange tout ça, vraiment trop... difficile. "- t'es pas aller voir le barman ?" elle devait s'en charger logiquement.

Voyant Mattéo seul, assis sur ce banc, je n’avais pas pu faire autrement que de venir vers lui. Ça me faisait mal de le voir ainsi, vraiment. Alors je tentais de le rassurer comme je pouvais. Mais Mattéo commençait à douter apparemment puis qu’il me rappela qu’il avait oublié une partie de la soirée. Et tout en posant son regard il se demanda si ce n’était pas lui qui avait réellement fait cela. « Non… Matt, tu as peut-être trop bu, et même si tu as un trou noir vis-à-vis de la fin de cette soirée ça ne veut pas dire que c’est toi… » Je repris ensuite « Tu te penses capable d’une telle chose ? Moi non… » Il n’en était pas capable, c’est certain.

Et lorsqu’il me demanda si je n’étais pas censé aller voir le barman, « Non, le sergent a envoyé quelqu’un d’autre. J’ai un peu de mal à suivre son raisonnement, mais il doit sans doute être perturbé par tout ça aussi… » Et ce n’était pas vraiment le moment de le contredire, alors j’avais joué profil bas. De toute façon moi ou un autre le barman dirait la même chose. Je sortis ensuite une petite carte de ma poche et la tendit à Mattéo « Tu vas certainement en avoir besoin, je me suis renseigné c’est le meilleur… » Il s’agissait d’une carte de visite d’un délégué syndical. Tout le monde le recommandait. Il serait certainement aidé Mattéo au mieux.

"- Bien sur que non... mais je sais pas.. c'est tellement bizarre tout ça... j'ai jamais eu la gueule de bois au point d'en oublier ma soirée et comme par hasard cette femme qui m'accuse, c'est pas comme si je ne l'avais jamais croisé..." Matteo pensait que son corps s'en serait souvenu s'il avait fait quelque chose de ce genre là, même si c'était le trou noir dans sa tête. Il avait été malade le lendemain au point d'appeler Cassia et de lui dire qu'ils ne pourraient pas se voir. A aucun moment il n'avait eut l'impression d'avoir eut une relation sexuelle, ce n'était pas comme les matins où il se réveillait après en avoir eut, ça n'avait rien à voir.
Mattoe était mal et ennuyé, autant pour lui que pour Cassia. Ca pouvait l'affecter aussi toute cette histoire. D'ailleurs, il fallait qu'il arrête de parler de ça avec elle, il n'en avait pas le droit et il allait la mettre dans une position inconfortable s'il continuait.
Il prit la carte qu'elle lui tendit et lui dit simplement "-merci" tout en soupirant. "- Je crois qu'il serait mieux pour toi qu'on ne se voit pas le temps de cette enquête." Matteo ne voulait pas qu'elle ait des problèmes ou qu'elle soit mise à pied elle aussi parce qu'elle avait tout simplement eut des contacts avec lui en dehors de son boulot. Lui devait être mis à l'écart c'était normal mais elle ne méritait pas ça.

La situation était déjà extrêmement délicate, mais si en plus Mattéo commençait à douter de lui-même et de ce qu’il avait pu faire, ça n’allait pas l’aider. Alors moi je lui avais dit que je le pensais bien incapable de faire un tel acte. Oui c’était vraiment bizarre cette histoire. Je posai délicatement ma main dans son dos, « Ne t’en fais pas, on trouvera bien ce qu’il s’est réellement passé » Oui je voulais qu’il sache que personne n’allait le laisser tomber.

Mattéo prit ensuite la petite carte que je lui avais tendu, et il ajouta ensuite que c’était mieux pour moi qu’on ne se voit pas le temps que cette enquête n’était pas terminée. « Pour le moment je ne fais rien de mal, je parle juste avec mon partenaire, on ne va pas me reprocher ça… » Oui rien d’autre, et même pour le moment nous n’avions eu aucune interdiction. Mais il y avait l’après travail, c’est sur… J’ajoutai alors « Si tu penses que c’est le mieux, mais… tu sais que je suis là si tu as besoin » Oui, si il en avait assez d’être seul, ou si il voulait parler, il n’avait qu’à m’appeler et je viendrai çà c’est sûr.

"- Ouais, j'espère vraiment..." et dans le fond il espérait vraiment qu'on allait l'innocenter mais cette femme semblait avoir de telles arguments. En plus c'est vrai qu'il avait passé du temps avec elle et ce qu'il ignorait c'est que le barman allait donner une toute autre version de l'histoire, quelque chose qui allait encore enfoncer Matteo. Bien sur, quand Cassia lirait le rapport de la déposition de la jeune femme, elle pourrait voir que le témoignage du barman ainsi que le sien concordait parfaitement ce qui serait loin de celui de Matteo. Matteo n'avait pas mauvais souvenirs de ce moment à boire un verre et à parler avec elle, rien qui l'avait choquer. Mais eux, diraient tout autre chose, du style qu'il avait commencé à être lourd et qu'il avait eut des gestes déplacés envers la jeune femme. Ce qui montrerait que ce pourquoi elle l'accusait était tout à fait possible. D'après, elle c'est à sa voiture que tout c'est passé, c'est donc là-bas qu'elle avait du lui faire savoir qu'elle n'était pas intéressé et qu'il l'avait sans doute mal pris à cause de l'alcool qu'il avait bu. Matteo ne s'était jamais montré violent avec personne et apparemment ça avait commencé il y a peu de temps.

"- C'est surtout pour t'éviter des ennuis justement..." valait mieux pour elle qu'elle ne continue pas à discuter avec lui, même ça on pourrait lui reprocher plus tard si l'enquête allait loin. Ce qu'il n'espérait pas bien sur. Le seul habilité à parler avec Matteo en faite c'était le sergent, lui seul était considéré comme pouvant le faire tout en restant impartial. "- Oui je sais et ça va être dur mais toute cette histoire va vite se terminer, j'espère vraiment." et ensuite tout redeviendra comme avant.
"- Aller file avant qu'on te pointe du doigt." déjà que Matteo avait eut droit à certains regards accusateur, pas besoin que Cassia subisse ça aussi.