"Moi ? C'est Hannah. Je suis née à Londres, le 19 Janvier 1993, 6 minutes avant ma soeur-jumelle qui se prénommait Lacie. Oui, prénommait; Ma soeur s'est éteinte suite à une grave infection respiratoire, on ne devait pas avoir plus de 06 mois lorsque s'est arrivée. Imaginez vous, vivre les premiers mois de votre vie avec une personne et que soudainement, la chaise à côté de vous est vide ? Que, d'un coup, on vous enlève injustement quelqu'un qui, devait vivre à vos côtés lors de votre enfance jusqu'à votre vie adulte en passant par la crise d'adolescence, mais que tout cela n'aura finalement jamais lieu d'être ? J'ai toujours ressentit ce sentiment de vide en moi. Mais je n'ai rien lâché.
Durant mon enfance, j'ai subi une éducation stricte dans une situation financière plus que raisonnable tout en ayant une scolarité dîtes "exemplaire". En bref, j'étais le petit trésor de mes parents...Jusqu'à mes 16 ans. Oh oui, mes 16 ans,c'est, pour moi, à ce stade de ma vie que j'ai commencé à vivre;
J'ai tout plaqué. J'ai stoppé tout effort dans ma scolarité, au grand damne de mes parents.
"- Tu ne quitteras pas l'école, tu feras de grandes études et portera fièrement notre nom quoi qu'il en coûte, tu m'entends?! N'essaie pas de salir notre famille et de détruire tout ce que nous avons envisager pour toi."
Je me fichais éperdument des beaux discours de mes parents. Je ne me plaisait pas à l'école. Les gens étaient mauvais, ne cessaient de me bourrer le crâne, de me rabaisser, de me critiquer, j'étais un peu le défouloir de l'établissement, mais je ne revenais jamais avec des bleus ou des plaies ; Ils disaient tous que j'étais trop fragile physiquement, que j'étais un "tas d'os" et qu'un simple coup pourrait me briser une côte. Il est vrai que j'étais particulièrement maigre. Mes parents n'en savaient rien. Quant aux professeurs... ils se contentaient de fermer les yeux sur cette histoire. Ce n'est qu'après de longues, très longues années d'harcèlement moral que je me suis décidée à ne plus mettre un seul pied derrière cette haute grille. Et de prendre soin de moi sous peine d'aggraver ma santé.
Je profitais souvent de ma "déscolarisation" pour traîner dans un salon de tatouage, qui appartenait à une fille nommée Anastasia. J'aimais beaucoup l'art, et toutes les cultures qui y étaient liés. J'ai passé toutes mes journées à ses côtés à apprendre les rudiments du métier, à manier les aiguilles, les couleurs et à peaufiner mes dessins en sa compagnie, et ce jusqu'à ma majorité. Lorsque mes 18 ans furent enfin arrivés. Il ne me tarda pas de faire mes valises pour m'installer à Sheffield, où j'ai travaillé comme tatoueuse dans un salon nommé "Holy Mountain". Je m'y plaisais beaucoup, mais je n'y suis restée que trois ans et demi. Mon avenir était à mes yeux déjà tracée ; Je devais avoir mon propre salon de tatouage, être libre, indépendante et pouvoir donné le meilleur de moi même. Et créer mon propre monde, voilà ce qui m'a toujours motivée, ce dont j'ai besoin pour vivre une vie convenable. Et je me devais, de tout faire pour accomplir ce que j'appelais mon "destin".
Alors, il y a 3 mois, sur un coup de tête, j'ai quitté Sheffield, le salon, mes amis, j'ai coupé définitivement les ponts avec tout le monde.
Adieu, sombre Angleterre, je garderai de toi ce précieux accent dont je ne pourrais m'en arracher. Et je peux enfin crier haut et fort :
Welcome to Sidebay !"