I saw the life inside your, eyes - Cassia

Les idées de Mattéo étaient assez bonnes, mais c’est certain que si j’allais trop souvent à l’infirmerie on allait se poser des questions, et ce n’était pas bon pour ma couverture, ni pour celle de Mattéo. J’avais l’impression qu’à plus les choses avançaient, plus elles étaient compliquées.

Mais ce qui était aussi compliqué c’était les réactions de Mattéo, il ne semblait pas vouloir voir la vérité en face. J’avais déjà essayé de lui faire comprendre qu’il fallait agir, et il avait ignoré mes paroles. Et là pour la seconde fois où j’en parlais, il faisait semblant de ne pas comprendre là où je voulais en venir, puisque pour toute réponse il me dit qu’il allait garder un œil sur lui. « Matt, Ça fait combien de temps que d’autre garde un œil sur lui ? Et la situation reste la même… ». Je posai alors mon regard sur lui, « Arrêtes de faire comme si tu ne comprenais pas ce que je veux dire… C’est la seule solution » Et au fond de lui il devait bien s’en rendre compte. Cette enquête était difficile pour nous deux, ça faisait maintenant une semaine, et après ce qui était arrivé hier, j’avais réfléchie une bonne partie de la nuit à tout cela.

Matteo ne pouvait pas nier qu'il refusait de comprendre ce qu'elle essayait de lui dire et visiblement elle s'en rendait bien compte. D'ailleurs, il fut bien obligé de la regarder quand elle lui parla et il ne pu faire autrement que grimacer légèrement. Oui, il ne voulait pas entendre ce qu'elle avait à dire sur le sujet parce qu'il refusait qu'elle soit la proie de ce malade. C'était sa petite amie, il fallait le comprendre aussi. S'il ne pouvait pas la protéger il n'était pas question qu'elle se jette dans la gueule du loup toute seule, alors que lui même n'était pas certain d'arriver à faire face à ce type, parce qu'il était imposant, parce qu'il était musclé, Matteo avait pu le constater par lui même et que jamais elle n'aurait la force de le mettre hors d'état de nuire. Donc, elle allait se mettre en danger et ça, Matteo ne voulait pas. Il leva les yeux vers elle et lui dit tout en secouant légèrement la tête "- Nan, nan, j'suis pas d'accord avec ça, c'est un mastodonte ce type faudrait être deux pour réussir à le maitriser et encore... hors de question..." et dans son regard il y avait bien plus que ce qu'il pouvait lui offrir habituellement quand il la regardait. Il avait confiance en elle, mais il avait tout simplement peur pour elle, parce que même lui ne savait pas s'il pouvait ce frotter à ce type sans risquer gros, et elle, elle était deux fois moins corpulente que lui, alors face à ce mec elle n'aurait jamais le dessus. "- J'te ramène maintenant." c'était un peu comme un ordre, sa manière de lui dire et lui montrer que la discussion était close et que cette idée ne méritait pas d'en discuter plus longtemps.

Mattéo ne semblait pas vouloir voir la vérité en face. Si on continuait ainsi, on allait piétiner pendant des jours et des jours. Il fallait agir maintenant qu’on avait plus d’informations. Mais apparemment il ne semblait vraiment pas d’accord. Je m’attendais à cette réaction-là de sa part, moi non plus je n’aimerai pas qu’il prenne des risques, mais c’était notre boulot, non ? Et je n’allais pas vraiment être seule. Me ramener ? Je fronçai légèrement les sourcils, c’était un ordre ? « Non, non, non ! Matt s’il te plaît, écoutes au moins ce que j’ai à proposer » dis-je en le regardant, mon regard était sans doute un peu suppliant, mais je voulais qu’il m’écoute. « Tu sais tout comme moi que si on ne tente rien il va continuer, et on va commencer à piétiner sur cette affaire… S’il te plaît, écoutes ce que j’ai à dire… » Le temps passait quand même alors nous devions en parler. Je ne voulais pas non plus me jeter dans la gueule du loup comme on dit, mais si on réussissait à établir un plan, on arriverait certainement à le coincer. Certes, je me doutais que seule je n’y arriverais certainement pas mais si Mattéo était là et quelqu’un d’autre, on pourrait y arriver.

On pouvait clairement comprendre que Matteo avait dépassé la limite là, pour lui il n'y avait plus de travail, plus de privé, c'était du pareil au même là. Accepter l'idée qu'elle prenne ce genre de risque sous son nez sans être sur de pouvoir la protéger c'était hors de question. Il n'arrivait plus à réfléchir autrement. C'était sa petite amie qui était en danger là et non la flic avec qui il bossait. Il ne se pardonnerait jamais s'il lui arrivait quelque chose alors qu'il était présent et qu'il n'avait pas réussit à jouer son rôle de partenaire. Trop de risques, c'était tout ce qu'il voyait. Alors, quand Cassia lui demanda une dernière fois de lui laisser une chance de s'expliquer il eut bien du mal à l'accepter. Mais le fit malgré tout parce qu'il tenait à elle et qu'il la respectait, le cas contraire aurait montré qu'il n'en avait rien à faire de son opinion. "- Mais y'a trop de risques..." lui aussi était suppliant dans le regard, il voulait qu'elle comprenne, ils pouvaient trouver un autre plan, qui ne l'impliquerait pas elle directement.
D'ailleurs, il ne pu pas faire autrement que s'approcher d'elle, poser ses mains de chaque côté d'elle contre le mur et poser son front contre le sien, ça montrait bien qu'il était dépassé le stade professionnel là, mais que c'était plus fort que lui. S'il s'écoutait il la prendrait dans ses bras et l'embrasserait pour se rassurer un peu, mais il savait qu'il ne pouvait pas, déjà ça c'était énorme et risqué aussi. "- Tu fais pas le poids face à lui" Matt était super inquiet et il clair qu'il n'en dormirait pas de la nuit, fallait qu'il fasse sortir Cassia d'ici le plus vite possible.

Mattéo semblait vraiment déterminé à ne pas m’écouter, mais je lui avais tout de même demandé de le faire. Mais il ne put s’empêcher de me dire qu’il y avait trop de risques. Je comprenais bien que là ce n’était plus vraiment le coéquipier qui parlait. Et cela se confirma lorsque Mattéo s’approcha de moi, et vint déposer ses deux mains de chaque côté de mon corps tout en posant son front contre le mien. Je fermai les yeux quelques secondes, profitant de ce petit moment. Je posai alors délicatement une main sur son avant-bras, puis je posai mon regard sur lui. Il avait raison, je ne faisais pas le poids seule conte ce gardien, mais je n’étais pas seule. « Je sais, mais je ne suis pas vraiment seule… » dis-je pour tenter de le rassurer. Oui il était là, et j’avais confiance en lui.

« On a de nombreuses informations maintenant, on sait de qui il s’agit et je sais comment il procède. Il nous suffit juste de trouver un plan, de se mettre d’accord et on peut le coincer. On peut demander du renfort également si besoin ». Oui j’avais déjà une idée précise en tête, mais je voulais avant tout que Mattéo accepte qu’on agisse, qu’on agisse ensemble. Cela devrait plus ou moins le rassurer le fait que j’avais déjà une idée et que je ne comptais pas agir seule du début à la fin. « Tu sais qu’il va falloir agir tôt ou tard, et une fois que tout cela sera terminé on pourra partir d’ici… » J’espérais vraiment qu’il accepte d’aller plus loin et de m’écouter encore.

Difficile, très difficile pour Matteo d'accepter tout ça. Il avait dépassé la limite et n'arrivait pas vraiment à reprendre sa place. Ca l'affectait bien plus qu'il ne l'aurait voulu et ce n'était pas sa faute non plus, disons qu'au moins ça montrait qu'il tenait vraiment à elle. Mais ce n'était le l'endroit ni le moment. Il soupira, pour lui c'était comme si elle était seule. La prison était grande et même s'ils mettaient un plan au point rien ne garantissait qu'il n'y aurait pas d'imprévues, Matteo ne pouvait pas passer à côté d'une bagarre sans intervenir par exemple, c'était compliqué, beaucoup trop pour un seul homme.
"- Je sais tout ça mais ça n'empêche pas que je ne suis pas d'accord avec ça..." s'il la coinçait quelque part et que Matteo tarde à arriver, nul ne sait ce qu'il pourrait lui faire. "- Et s'il lui prend l'envie de s'en prendre à toi avant qu'on ait mis quelque chose au point ? " avant même que Matteo n'arrive à passer en équipe de nuit par exemple ? rien que cette idée lui donnait la chair de poule et ce n'était pas positif du tout. Matteo essaya de se reprendre un peu et se remit face à elle, essayant de dominer tous ses sentiments qui lui submergeaient.

Je vouais également faire comprendre à Mattéo que si nous n’agissions pas, nous allions piétiner sur cette affaire, il détestait cela et moi aussi. Et puis une fois cette affaire terminée, nous pourrions enfin rentré, sortir d’ici. Mattéo se rendait compte de tout ça, mais avait du mal à l’accepter. Puis il ajouta alors que nous n’étions pas à l’abri d’un imprévu, si ce gardien voulait s’en prendre à moi avant qu’on se mette d’accord sur quoi que ce soit. Il n’avait pas tords, « Raison de plus pour agir vite.. », oui là je tournais à peu la situation à mon avantage, mais il le fallait. Je ne sautais pas de joie à cette idée, mais il le fallait.

Et je voulais vraiment agir, coincer ce type. C’est une affaire qui commençais vraiment à me toucher, je me sentais concerné parce que j’étais dans cette prison, et aussi par ce que j’étais une femme et que ce que ce type pouvait leur faire subir était juste intolérable. Du coup, vu que le temps tournais, je décidai de me lancer « Si une détenue fait quelque chose qui ne lui plait pas, il s’en sert comme prétexte pour la sanctionner, et il l’amène nettoyer les salles d’eau, généralement les douches, il fait ça quand tout le monde repars en cellule. C’est là qu’il…agit, il en profite d’être seul avec... » Je continuai alors sur ma lancée « Je me débrouillerai pour le contrarier, et le moment venu tu pourras intervenir, emmène un autre gardien avec toi, un témoin de plus ne sera pas de trop… ». Reste plus qu’à savoir si Mattéo pourra passer de nuit, et surtout quand cela sera opérationnel.

Le pire dans tout ça c'est qu'elle avait raison, chose difficile à accepter pour Matteo, pas qu'elle ait raison mais le fait qu'elle n'était pas plus en sécurité maintenant qu'elle ne le serait dans quelques jours. Ils devaient effectivement agir vite, très vite même.
Il l'écouta et ce qu'elle lui dit ne lui fit absolument pas plaisir à entendre. Elle comptait vraiment se mettre en danger et pas qu'un peu. Il soupira, baissa les yeux quelques secondes avant de lui répondre. "- fait super attention en attendant." et pour le reste il ne comptait pas la laisser se débrouiller seule, il comptait être présent, il comptait mettre le plan à exécution c'est sur mais pas de cette manière, pas sans avoir couvert toute la zone, protégé ses arrières et tout ça. Matteo peinait à accepter cette situation, son idée était bonne mais extrêmement risquée, si quelque chose foirait c'est elle qui en paierait le prix. Non, Matteo n'était toujours pas d'accord et ça pouvait se voir sur son visage, se lire dans ses yeux pour ceux qui le connaissait à peu près.
"- Mais ne fait rien sans qu'on ait revu tout ça ensemble, ok ?" là il était à nouveau suppliant, parce qu'il était plus que temps de la ramener en salle commune et ils n'avaient plus le temps de discuter plus de la situation.

Le seul moyen de faire condamner ce gardien c’était de le prendre en flag, car les détenues ne souhaitaient pas parler, ni témoigner si personne avant elles ne le faisaient. Il fallait donc le prendre le prendre en flag et pour cela il fallait une détenue, et compte tenu des circonstances, je ne voyais qu’une seule personne pour servir d’appât disons : moi. Cela ne m’enchantait pas vraiment, tout comme Mattéo, mais on devait tout de même continuer à faire notre travail. Je voyais bien que Mattéo n’était pas d’accord avec tout cela, mais on ne pouvait pas vraiment faire autrement. Moi aussi j’avais peur, mais j’essayai de ne pas le montrer. Finalement, Mattéo semblait accepter cette idée, mais à contre cœur. Il me demanda alors de ne pas agir sans que tout cela soit revu, et planifié, je posai mon regard dans celui de Mattéo « Je ne ferais rien tant que tout cela ne sera pas planifié » Il pouvait me faire confiance, je n’allais pas foncer tête baissée.

Je pris une dernière bouchée de sandwich et but une autre gorgée de soda. « Dès que tout sera opérationnel de ton côté, préviens moi » Oui ça n’allait pas être compliqué, mais si ils se mettaient d’accord sur un jour bien particulier, il pourrait sans doute me prévenir sans trop de problème. Je regardais Mattéo, j’avais envie de l’embrasser, de le sentir contre moi, mais impossible pour le moment. Il me tardait vraiment que tout cela soit terminé.  Je jetai alors un œil à la pendule présente dans la pièce, Mattéo allait devoir me ramener d’ici quelques minutes pour ne pas éveiller les soupçons, comme à chaque fois j’étais déçue de ne pas le voir davantage, même si nous avancions finalement pour cette affaire.

Ce qu'elle lui dit n'était pas vraiment pour le rassurer, il lui faisait confiance, pas de soucis là dessus. Juste qu'il espérait que l'autre ne s'en prendrait pas à elle avant que tout soit en place vu qu'il venait d'agresser sa co détenue. Matteo n'ajouta rien, son regard parlait pour lui.
Il l'observa ensuite se demandant si tout ceci était bien raisonnable. Si ça n'avait tenu qu'à lui il l'aurait fait sortir d'ici depuis bien longtemps déjà.
Il lui fit signe que oui avant d'ajouter "- Si tu ne me vois pas demain matin c'est que j'aurai la permission pour la nuit", ce n'était pas très clair mais elle savait exactement de quoi il parlait. Et puis le plus important était qu'il soit présent, même si ce n'était que le lendemain. Restait à espérer que cette nuit serait calme pour elle. Matteo savait qu'il ne dormirait pas de la nuit trop inquiet de la savoir là sans personne pour la protéger. Elle était assez grande pour se protéger en temps normal, mais ce gardien là c'était vraiment pas le genre de mec qu'on a envie de croiser au détour d'un couloir sans personne à vos côtés. Matteo espérait vraiment avoir cette permission.
Il attendit qu'elle ait terminé de manger et ouvrit la porte pour la reconduire en salle commune. Une fois de plus, cet entretient avait paru bien trop court, même pour Matteo.

C’était maintenant l’heure que Mattéo me ramène en salle commune, malheureusement. J’aimerais que ces petits moments durent plus longtemps, mais c’était trop risqué, à force cela pourrait éveiller les soupçons. N’oublions pas que Mattéo est considéré aussi comme un nouveau au sein des gardiens. Avant de sortir, Mattéo me dit que si je ne le voyais pas demain matin, c’est qui aurait réussi à passer de nuit, ce qui serait certainement une bonne chose, « D’accord » . Je terminai alors de manger un peu, puis une fois terminé, il était temps de quitter le parloir. Je n’e avais aucune envie, j’avais envie de partir d’ici, de rester avec Mattéo, juste lui et moi. Mais c’était impossible.

Matéo finit alors par ouvrir la porte, et me ramena en sale commune, je faisais bien entendu comme si de rien n’était.Je ne pensais plus qu’à une chose, ou du moins deux. La première : coincer ce type. La seconde à sortir d’ici et retrouver la vie extérieure, mon appartement, et manger de bons repas, et surtout pouvoir revoir Mattéo, le revoir comme il se doit et non furtivement comme c’était le cas ici.

Matteo avait donc ramené Cassia à la salle commune, puis il avait terminé sa journée comme tous les jours. Il avait eu le loisir d'être de surveillances pour les balades extérieurs et cela ne lui avait pas vraiment plu, étant donné que Cassia elle n'était pas dans le groupe qu'il surveillait. Il avait été tourmenté par tout ça mais à son retour avait pu constater qu'elle allait bien là où elle se trouvait, car ils avaient pu échanger quelques regards.
Suite à ça, il était aller voir le directeur avant de quitter la prison pour rentrer chez lui. Celui-ci lui avait donné son entière coopération pour permettre d'arrêter le gardien dont le nom venait de lui être donné. Le seul hic c'est qu'ils ignoraient si d'autres gardiens étaient dans le coup ou pas, donc ramener des renforts n'allait pas être simple.
La nuit de Matteo fut assez difficile et agité, ne cessant de penser à Cassia et au fait qu'elle serait seule jusqu'au lendemain soir. Matteo passa une partie de sa journée au poste à éplucher les dossiers du personnel de la prison, une fois encore, avec l'aide d'autres membres de l'équipe.

Et puis il avait finit par prendre ses fonctions. Tout était nouveau pour lui, le rythme de travail, la manière de travailler, ça allait pas mal le perturber et surtout être difficile de trouver des repères et tout.

Une fois dans la salle commune, je vaquai à mes occupations et Mattéo dû faire de même. Je ne l’avais pas vu beaucoup après notre entretien au parloir, mais nous avions tout de même réussi à échanger quelques regards avant que son service ne se termine.


Ce matin, j’avais eu beau chercher Mattéo partout je ne l’avais pas vu. Avait-il réussit à changer de service et passer de nuit ? Il faut croire, bon c’était déjà une bonne chose. Du coup, comme tous les matins depuis maintenant huit jours, j’avais été au réfectoire il y avait eu un peu de remue-ménage, aller savoir pourquoi. Ici, tout le monde est un peu sur les nerfs après tout. J’avais ensuite pu aller dehors et ça faisait un bien fou, vous pouvez me croire, malheureusement ça n’avait été que de courte durée. Aucun signe de Mattéo pour la journée, je m’attendais donc à le voir arriver plus en fin de journée, voir même un peu plus tard. Allait-il me donner des nouvelles ? Est-ce que nous allions agir ce soir ou pas ? J’attendais. Difficile de ne pas le voir, puisqu’il était mon seul repère ici, et aussi car c’était Mattéo. Bref, vous m’avez compris.

J’étais dans ma cellule, seule. Je ne savais pas où se trouvait ma co-détenue, peut-être en salle commune ? Nous avions un peu de temps libre avant de se rendre au réfectoire pour le diner. Du coup, j’en avais profité pour me retrouver un peu seule, j’avais de plus en plus de mal à être parmi toutes ces femmes. J’étais donc assise sur mon lit, j’étais fatiguée, très fatiguée mais pas question de dormir, j’avais le nez plongé dans un bouquin. Ça m’occupait un peu.

Matteo n'avait pas réussit à voir Cassia encore et c'était le genre de chose assez stressante, car il ne pouvait pas demander ça comme ça, c'était trop bizarre. Un gardien qui demande après une prisonnière sans raison apparente ce n'était pas cool pour la prisonnière en tout cas. Par chance Matteo était de garde dans les couloirs et finit par passer devant la cellule de Cassia.
Quand il la vit, car il s'était permis de regarder si elle était là, il s'y arrête quelques secondes pour lui chuchoter "- Tsss, j'suis là. Tout va bien pour toi ?" il savait qu'ils ne pourraient pas discuter ni faire autre chose, mais au moins qu'elle sache qu'il était là et que lui puisse la voir et voir de ses yeux qu'elle allait bien.
Matteo devait encore faire sa ronde sur tout l'étage mais il pu remarquer que Cassia était seule dans sa cellule, chose pas très logique à moins que sa co détenue soit ailleurs, il ne savait pas vraiment ce qu'elles faisaient le soir.

J’étais donc dans la cellule, installée sur mon lit à bouquiné. Je n’étais pas vraiment passionné par ce livre, mais disons que cela me permettait de passer le temps. Et croyez-moi ici, on trouve le temps long, très long parfois. Je fus interrompue par une voix, une voix que je connaissais assez bien. Je détournai le regard et vit Mattéo. Un léger sourire se dessina sur mon visage, « Oui, sa va… » Enfin comme d’habitude quoi. Mais sisons que aujourd’hui ça allait encore plutôt pas trop mal.

Je me levai alors doucement et m’approchai de lui, toujours le livre en main. Comme ça si jamais quelqu’un passait par là je pourrais tout à fait faire semblant de montrer le livre à Mattéo, et faire semblant d’avoir une conversation quelconque avec lui. « Tu as réussi à passer de nuit… » C’était plutôt une bonne chose du coup, on allait peut-être enfin pouvoir agir faire quelque chose et coincer ce type.

Il fut content de voir son visage, même si elle semblait toujours fatiguée et pâle à chaque nouvelle visite de sa part. Elle était toujours aussi jolie malgré tout et pas mal de gardiens ici devaient la trouver à leur gout et rien que cette idée donna la nausée à Matteo. Comment il pouvait penser que tous les gardiens fantasmaient sur elle ? sérieux quoi, peu être un ou deux, ceux qu'ils cherchaient à arrêter justement mais pas tous les autres. Matteo était vraiment affecté par cette infiltration et il était temps qu'il s'arrête. "- Ouais. Elle est où ta codétenue ?" Matteo n'y connaissait rien aux habitudes du soir et voyait bien qu'il était un peu perdu là. Il se demandait si elle était absente comme tous les jours où si y'avait quelque chose d'autre là dessous. Et il ne pourrait pas passer à l'infirmerie avant d'avoir terminé son tour de l'étage. D'ailleurs il profita de la proximité de Cassia pour lui filer une autre barre de céréales. Ne sachant pas s'ils pourraient mettre fin à tout ceci dès ce soir ou non, il avait préféré prendre les devant afin qu'elle ait quand même de quoi être en forme même si c'était tellement peu par rapport à tout ce qu'elle vivait ici.

Cela me faisait plaisir, et aussi beaucoup de bien de voir Mattéo. Je ne l’avais pas encore vu de la journée. Il avait déjà réussi à passer de nuit, c’était déjà une bonne chose.  Puis il me demanda où était ma co-détenue, je haussai légèrement les épaules « certainement en salle commune » du moins la dernière fois que je l’avais vu elle était là-bas. Mais depuis ce qu’il s’était passé l’autre fois, qu’elle m’avait tout avoué, elle s’était renfermée, du coup on avait moins de contact.

Je vis ensuite Mattéo sortir une barre de céréale et me la donner en douce, j’esquissai un sourire, c’était tellement attentionné de sa part tout ce qu’il faisait. Ca me touchait beaucoup. Même si on restait professionnel dans cette infiltration, je sentais bien que quelques fois les sentiments prenaient le dessus. Je pris alors la barre, et allai la cacher dans la housse de mon oreiller, « merci » dis-je en posant mon regard sur Mattéo. « Tu as des nouvelles ? » Oui je voulais avoir si on allait agir ce soir, que je sache si je devais faire ce que j’avais à faire ou non.

"- Ok..." chose qu'il ne pourrait pas vérifier tout de suite de toute façon. Mais bon c'était déjà un bon point de départ.
Il observa ensuite Cassia et lui fit un léger sourire quand elle le remercia. Ce n'était vraiment pas grand chose, de toute façon il ne pouvait rien faire d'autre pour lui rendre son séjour meilleur alors autant qu'il fasse ce qu'il pouvait pour ça. "- On a l'entière coopération du directeur, mais niveau gardien je ne sais pas à qui me fier, on a épluché les dossiers toute l'après midi mais on rien trouvé qui ressemble de près ou de loin à de la corruption." et Mattéo haussa légèrement les sourcils, montrant bien qu'ils n'avaient rien de plus qu'avant. Donc qu'il ne savait toujours pas à qui il pouvait faire confiance, mise à part à l'infirmier. Mais bon l'infirmier n'avait pas accès à la prison, mise à part à la section qui correspondait à l'infirmerie. Et passer un appel radio pour demander de l'aide alors qu'on ignore si les personnes présentent sont de confiance ou non ce n'est pas évident.

Bien évidemment, j’avais rapidement demandé des nouvelles à Mattéo concernant l’affaire. Il m’apprit alors que le directeur voulait bien coopérer, mais pour ce qui est du reste des gardiens, Mattéo ne savait apparemment pas trop quoi penser d’eux. Il avait épluché leur dossier dans la journée, mais il ne semblait pas convaincu. Ce qu’il y avait aussi de très compliqué pour cette affaire, c’est qu’on ne savait pas trop à qui on pouvait faire confiance. Or dans ce genre d’infiltration, c’était quand même essentiel, pour ne pas dire vital. Mais apparemment il n’avait rien trouvé qui ressemblait de près ou de loin à de la corruption « C’est déjà ça… » Ou car si ça avait été l’inverse, cela aurait encore plus compliqué la situation.

Je regardai Mattéo une énième fois, toujours avec mon livre dans les mains « Tu penses qu’on peut agir ce soir ? » Je ne savais pas vraiment ce qu’il allait me répondre, mais au vu des derniers éléments, pourquoi pas ?

C'est vrai que de ne trouver aucune trace ce corruption était en toute logique une bonne chose, sauf que la corruption ça marche aussi avec de l'argent liquide dont on ne trouve aucun trace nul part, donc ce n'est pas non plus une preuve que tout va bien. Matteo était assez perplexe quand à tout ça et encore plus quand elle lui demanda s'il pensait qu'ils pouvaient agir ce soir. Il haussa simplement les épaules, n'étant pas du tout partant pour tout ça mais se rendant bien compte qu'il faudrait faire quelque chose le plus rapidement possible afin que la situation se délie rapidement. "- Je sais pas, c'est comme tu veux, c'est toi qui est en première ligne.." au moins c'était clair. Matteo l'épaulerait du mieux qu'il pourrait c'est certain mais après rien ne garantissait que ça marcherait comme ils l'avaient prévu. Après tout, même si ça lui faisait horriblement mal au coeur de l'admettre, c'était elle qui allait se mettre en avant et prendre tous les risques alors autant qu'elle prenne la décision elle même, elle était la mieux placée pour ça.

Avec les derniers éléments que Mattéo venait de me rapporter, je lui avais demandé si il pensait qu’on pouvait agir ce soir. Il y avait certes de nouveaux éléments, mais était-ce suffisant ? Je ne pouvais pas agir seule de toute façon, je devais donc en parler avec Mattéo auparavant. Je voyais bien que Mattéo emblait perplexe, du coup il me laissa libre choix, étant donné que c’était moi qui était en première ligne. Il n’avait pas tords, mais il devait aussi être opérationnel, je n’agissais pas vraiment seule dans cette affaire. Je réfléchie alors quelques secondes puis finis par dire « Faisons le ce soir » Oui, il restait encore un peu de temps, on pouvait le faire sans trop se précipiter. Et puis après tout ce soir ou demain soir, qu’est-ce que cela changerait ? Pas grand-chose, mis à part le fait que nous allions encore devoir attendre une journée entière, à se demander si tout allait bien se passer.

Je vis un autre gardien arrivé, je reculai alors légèrement et en faisant comme si de rien n’était, je retournai m’asseoir sur le lit, non ans lancer un dernier regard à Mattéo.

Non Matteo n'était absolument pas chaud pour faire ça ce soir, mais il n'avait pas le choix, ce soir ou demain il faudrait y passer, alors le plus tôt serait le mieux pour tout le monde, y compris pour Cassia. Il ne répondit pas mais le soupire qu'il s'échappa de ses lèvres répondait à sa place. Il ferait ce qu'il faudrait pour être présent, du moins pas loin, il ferait son possible, espérons juste que tout se déroulerait comme prévue. Bien qu'on ne puisse pas vraiment dire que leur plan était sans accro, loin de là, en fait leur plan était assez aléatoire, beaucoup d'imprévue, d'incertitude mais bon, ils n'avaient pas le choix.
Matteo entendit l'autre gardien passer et se recula légèrement lui aussi, comme s'il voulait montrer qu'il avait terminé sa petite discussion avec la prisonnière. Et lorsqu'elle posa ses yeux sur lui il lui offrit un très léger sourire, espérant que ça suffirait à la mettre en confiance pour la suite. Matteo ne la laisserait pas tomber c'est clair, elle pourrait compter sur lui si rien ne venait se mettre en travers de leur chemin.

C’était décidé, tout allait se jouer ce soir. Je savais ce que je devais faire, et Mattéo aussi. Espérons juste que tout se passe correctement, sans imprévus. Mattéo du repartir faire sa ronde, mais avant de partir je vis un léger sourire se dessiner sur son visage, du coup cela me fit sourire légèrement à mon tour. Je n’avais plus trop la tête à lire, du coup j’en profitai d’être seule pour manger la barre de céréale que Mattéo m’avait donné.


Du coup à l’heure du repas, alors que nous étions toutes à tables, j’avais fait exprès de faire tomber mon assiette à terre pile au moment où le gardien passait à côté de moi. Ce n’était pas une grande perte vu que ce n’était pas bon de toute façon. Mais par contre le gardien ne semblait pas apprécier, d’autant plus qu’il en avait eu plein les chaussures. Il me dévisagea alors des pieds à la tête et me passa à un sacré savon, je contestai quelque peu afin que le tout soit réaliste, et il ne semblait vraiment pas apprécier. Du coup, le plan fonctionna à merveille puisque le gardien m’annonça que je serais sanctionner, et de corvée de douche.

Alors que tout le monde remontait dans sa cellule, je sentis un bras m’attraper « Tu n’as pas oublié ce que je t’ai dit tout à l’heure ? » je vis alors le gardien, « non… » Quoi répondre d’autre ? Il m’emmena alors en direction des sanitaires. Le plan fonctionnait bien jusqu’à présent espérons que cela continue. Je ne savais pas où était Mattéo, pas très loin, je l’espérais.

Du coin de l'oeil, Matteo avait assisté à toute la scène durant le repas du soir. Il n'avait pas vraiment apprécié le regard que lui avait fait le même gardien après qu'il ait terminé de réprimander Cassia, mais Matteo s'en foutait pas mal. Il avait une façon de regarder les gens qui faisait limite froid dans le dos, heureusement que Matteo avait déjà eut à faire à ce genre de regard par le passé, parce qu'il ne baissa pas les yeux une seule seconde.
Après ça, il avait du partir faire une ronde dans les salles communes afin de vérifier que tout allait bien, il était même passé par les douches en revenant, histoire de vérifier qu'il n'y avait aucun soucis à ce niveau là et pour le moment.
Ensuite il avait eut droit d'accompagner une détenue à l'infirmerie, celle-ci se plaignait de gros mots de tête et quand il était redescendu bien entendu Cassia n'était plus dans la salle où elle se trouvait juste avant. Matteo ne se posa pas de question et prit la direction des cellules. Il ne savait pas exactement quand les choses se passaient mais il avait un mauvais pressentiment c'est d'ailleurs pour ça qu'il accéléra la cadence. Arrivé devant la cellule de Cassia, il jeta un oeil à l'intérieur, à cette heure-ci la porte était encore ouverte, permettant aux prisonnières d'aller et venir à leur guise d'une cellule à l'autre avant la fermeture des portes. Cassia n'était pas là mais sa codétenue elle était bien présente. "- Elle est où ?" la jeune femme le regarda assez surpris d'une telle question "- Je sais pas" Matteo fronça les sourcils à sa réponse et ajouta "- Il l'a emmené c'est ça ?" "- Certainement vu ce qu'il a dit tout à l'heure" puis elle baissa les yeux "- MERDE !" et Matteo quitta l'endroit aussi vite qu'il pu et se mit à courir au travers des couloirs espérant qu'il n'arriverait pas trop tard.

A présent, le plan marchait comme nous le voulions. Apparemment le gardien n’avait rien vu venir, puisqu’il se comportait comme à son habitude, ce qui était plutôt bon signe.

Je fus alors emmené en direction des sanitaires qui se situaient dans un autre bloc. Une fois arrivée, il me poussa légèrement à l’intérieur et me demanda de nettoyer. Je pouvais voir un sceau rempli d’eau, ainsi qu’un balai à récurer. Je fis une légère moue, puis m’empara du balais à contre cœur, je n’avais rien contre le ménage, mais chez moi, pas ici dans ce genre d’endroit. Mais je n’eus même pas le temps de commencer, je sentis deux mains m’attraper et me plaquer contre le mur. Mon regard croisa celui du gardien, et i n’y avait rien de bon dans son regard vous pouvez me croire. « Qu’est-ce que vous faites ? » dis-je en le regardant droit dans les yeux, j’eu le droit comme réponse à un coup au visage « Ferme là ! ». Je sentais alors ses mains monter au niveau de mon visage, et je n’attendis pas une seconde de plus, je lui donnai un coup de genoux bien placé, ce qui le fit lâcher prise. Mais ce dernier sortit un couteau. Sérieusement il n’avait aucun scrupule, ces femmes n’avaient aucunes chances face à lui. Je pris alors le sceau qui se trouvait à côté de moi et lui lançai le contenu au visage, ce dernier jura, mais cela me permit de lui ôter le couteau, ce dernier atterrit d’ailleurs quelques mètres plus loin.

J’allais pour le récupérer mais je sentis quelque chose m’attraper et me plaquer au sol violemment. J’étais à présent sur le dos et le gardien sur moi. Mais que faisait Mattéo ? Il devrait être là, non ? Je me débattais comme je pouvais, mais l’homme était assez imposant, je sentis alors mon haut se déchirer entre ses mains, je posai alors une de mes mains sur mon visage et griffai méchamment ce dernier qui poussa un grognement. J’avais de plus en plus de mal à maitriser la situation, j’espérais que Mattéo n’allait pas tarder.